(*) La substantifique moelle, de Rabelais (Gargantua)
Je suis particulièrement fière de vous présenter ce nouveau DUO que je trouve très réussi !
Je l'ai terminé cet été dans mon atelier, dans une chaleur torride, obligée de peindre en maillot de bain et avec un ventilateur pour chasser les moustiques tigres. Vous imaginez "le tableau" ! Ce fut les "douleurs de l'enfantement". Et pour cause !
Les huitres étant le symbole de la féminité et son mystère.
J'ai toujours été fascinée par le thème de la nature morte en peinture, persuadée qu'un bon peintre doit faire ressortir la beauté des objets en tant que tels. Et si on s'intéresse de près à la peinture hollandaise du XVIIème siècle, quelle richesse de symbolisme ! Ces toiles ne sont absolument pas décoratives mais toutes imprégnées d'un sens profond sur le sens de la vie.
Le sujet des huitres, repris ensuite par Chardin, Manet et tous les "vrais peintres" dignes de ce nom.... est difficile à représenter. Je peux vous dire que j'y ai passé du temps. C'est la m^me chose qu'avec les fleurs, aussi difficiles, car les contours sont indéfinis, et donc il faut traduire par le trait de peinture, l'indéfinissable. C'est la recherche du fameux trait de Botticelli ?
Bref, ce travail m'a beaucoup beaucoup intéressé. Il m'a fallu un modèle bien sûr, et vous imaginez bien que je ne me suis pas référée à des huitres vivantes qui auraient une autre allure après ces quelques mois d'observation... J'ai donc utilisé un modèle "figé", une photo donc. Il faut vivre avec son temps !
Je vous livre une explication de ce symbolisme passionnant, extrait d'un article sur les "Vanités" de la nature morte en peinture, d'Olivier le Bihan du musée des Beaux Arts de Bordeaux tout à fait éclairant. Vous allez voir, c'est tout un programme !
"Les moules et autres mollusques :
Ils sont un symbole de la vérité
cachée.
Ils sont associés à la féminité, à
la chasteté et à l’érotisme."19
Il faut rechercher l’origine de la croyance dans
le symbolisme féminin de la coquille,
déjà présent dans la légende de l’huître perlière
rapportée par Pline l’Ancien et reprise
dans les textes exégétiques du Moyen Âge et de la
Renaissance : la fécondation se
produirait en effet grâce à la rosée qui pénètre
entre les valves ouvertes à certaines
périodes de l’année. L’exégèse biblique, relevant
la nature anthropomorphique de
cette légende, voit une similitude entre la
fécondation de l’huître et celle de la Vierge
par l’opération de l’Esprit Saint, et elle suggère
que la coquille doit être interprétée
comme un symbole de Marie.
La coquille renvoie aussi à l’idée de vertu cachée, puisque la partie comestible
est
solidement enclose dans les valves, ainsi qu’à
celle de la puissance de l’amour, car
de même que ce sentiment se cache dans l’intimité
de l’être humain, de même le
muscle de l’huître s’accroche profondément entre
les valves qui, serrées avec force,
empêchent qu’on les ouvre.
(...)
Les huîtres : Elles renvoient au sens du goût et évoquent plus largement la sensualité en général. Nourriture aphrodisiaque, les huîtres évoquent l’idée d’amour charnel."
Alors mangeons des huitres... sans modération !
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